LA RÉMUNÉRATION DES HAUTS RESPONSABLES MILITAIRES

Les dirigeants des services de défense

Nous aborderons aujourd’hui un sujet délicat : les dirigeants des services de défense et de sécurité. Ce sujet est lourd, complexe, car chacun de ces dirigeants a consacré de nombreuses années de sa vie à l’une des missions les plus importantes et les plus sacrées : la sécurité d’Israël. Porter atteinte à leur honneur risque d’être préjudiciable à l’honneur même de la fonction qu’ils occupent. Cependant, comme tout service public, les services de défense et de sécurité doivent être soumis à la critique ; et leurs dirigeants ont l’obligation de se prêter à un examen critique, même lorsque celui-ci est sévère. La sécurité d’Israël en dépend.

En pratique, malgré des budgets colossaux et un personnel de grande qualité mis à leur disposition, les hauts responsables des services de défense ont échoué à comprendre l’ennemi qui les a surpris lors de la fête de Sim‘hat Torah 5784 (2023). Pendant près de deux ans, ils n’ont pas réussi à vaincre le Hamas. Nombre d’entre eux ne réalisent peut-être pas que, du point de vue de l’ennemi, cette situation est considérée comme une victoire pour le Hamas, et qu’elle encourage tous les ennemis d’Israël à planifier une prochaine offensive contre nous, avec tout ce que cela implique. Pour l’heure, ils portent atteinte à la position internationale de l’État d’Israël, et fragilisent la sécurité des Juifs dans le monde.

Les pensions illégales

Parallèlement à cela, pendant des années, les chefs d’État-major ont enfreint la loi. En dissimulant cette pratique au Contrôleur général des finances, ils ont, des années durant, ajouté environ 17 % au montant légal des retraites militaires. Cette majoration représente 1,7 milliard de shekels par an. Même sans cet ajout, les retraites des anciens cadres de Tsahal sont environ cinq fois supérieures à celles que perçoivent, dans les grades correspondants, les fonctionnaires de l’État. Il convient également de noter que seuls 20 % des bénéficiaires de ces pensions militaires ont servi en tant que combattants1.

Quand la chose a été découverte, il fut ordonné aux dirigeants de ces services de mettre fin à cette pratique et de restituer les fonds versés illégalement, ou, à défaut, de régulariser cette majoration par une loi. À cette fin, ils présentèrent une requête à la Commission des Affaires étrangères et de la Défense, pour que fût présenté à la Knesset un projet de loi visant à entériner ladite majoration. C’est ici qu’intervient le devoir des membres de la Knesset, représentants du peuple : ils doivent rejeter cette requête et mettre immédiatement un terme à ces versements supplémentaires illégaux.

S’opposer à l’augmentation des rémunérations en temps d’échec

Dans tout service, une règle fondamentale veut que l’on récompense les employés en cas de succès, en augmentant leur rémunération, et qu’on réduise celle-ci en cas d’échec – ou, à tout le moins, que l’on s’abstienne en ce cas de l’augmenter. Le secteur militaire et sécuritaire ne doit pas faire exception à ce principe. Notons à ce propos que les représentants des services de défense et de sécurité n’ont pas véritablement coopéré avec les membres de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense, en rendant compte de la situation présente et en décrivant leurs préparatifs pour l’avenir. Lorsqu’on leur posait des questions difficiles, ils se sont offusqués, refusant de répondre de manière appropriée, ce qui est leur devoir. Ils ont adopté une attitude similaire envers les ministres du gouvernement, allant parfois jusqu’à formuler des demi-vérités, voire, peut-être, des mensonges purs et simples. Aucun moyen de pression n’a été exercé envers eux, au point que le Premier ministre lui-même a dû rappeler que Tsahal appartient à l’État d’Israël, et non l’inverse. Cette situation abusive se répète aujourd’hui avec la nomination des hauts responsables de Tsahal : le chef d’État-major cherche à écarter le ministre de la Défense, représentant du peuple, de toute influence sur des nominations qui façonneront l’avenir de Tsahal pour les années à venir.

Face à cela, le devoir élémentaire des membres de la Knesset, en tant que délégués du peuple, est de ne pas régulariser les versements illégaux. Ce n’est qu’après avoir obtenu, avec l’aide de Dieu, une victoire éclatante, et une fois qu’il sera certain que les services de défense se sont réformés et sont prêts à agir avec loyauté comme mandataires du peuple, qu’il y aura lieu d’examiner sérieusement l’ensemble du système de commandement et de rémunération de Tsahal. Il faudra alors évaluer s’il est justifié d’approuver des augmentations ou s’il faut au contraire procéder à des réductions, en tenant compte de l’ensemble des besoins sécuritaires.

Un examen de conscience nécessaire

Un élément central de l’examen de conscience que doivent entreprendre les services de défense réside dans la stricte subordination de Tsahal à la loi et aux objectifs militaires. Ce n’est pas l’opinion de la « communauté internationale », telle que la présentent les médias et le monde académique, qui doit guider l’action d’une armée. Quant à la validation d’une pratique illégale, réitérée pendant de nombreuses années, elle ne ferait qu’aggraver les maux dont souffrent nos services de sécurité.

Dans un premier temps, un groupe de parlementaires, membres de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense et conduits par le député Amit Halevi, a refusé d’entériner cette majoration illégale. Cependant, les hauts responsables des services de défense exercent une pression considérable. Espérons que les mandataires du peuple – le Premier ministre, le ministre de la Défense et les membres de cette Commission – rempliront leur rôle, et n’approuveront pas une majoration qui signifierait un mépris persistant pour la loi et les représentants du peuple.

Nos soldats combattants

À ce propos, comment ne pas exprimer le chagrin, la douleur et la frustration que nous inspire l’attitude des hautes sphères militaires envers nos soldats combattants, qui risquent leur vie pour défendre le peuple et le pays – qu’il s’agisse des fantassins ou des soldats de blindés, et tout particulièrement des réservistes ? Leur équipement militaire est insuffisant, et des soldats précieux, porteurs d’un idéal sacré, en subissent les conséquences. Est-il concevable que le budget nécessaire à leur équipement fasse défaut ? Deux années de réaffectation des compléments de retraite illégaux, représentant environ 3,5 milliards de shekels, suffiraient à doter l’infanterie et les unités blindées de tout le nécessaire.

Doubler leur rémunération

Le traitement de nos réservistes combattants, qui risquent leur vie pour nous tous, doit être corrigé. La rémunération de tous ceux qui servent sur le front, depuis le début de la guerre jusqu’aujourd’hui, doit être doublée. Mais il faut veiller, une fois encore, à ne pas attribuer la majeure partie du budget à ceux qui n’y ont aucun titre. Ce doublement de la rémunération est dû aux soldats qui ont mis en danger leur vie, à ceux qui ont servi à Gaza et dans les autres lieux où des soldats ont été tués ou blessés, et non à ceux qui ont servi à l’arrière ou dans des fonctions de garde sur d’autres fronts, malgré toute l’importance de leur rôle. C’est là notre devoir collectif envers nos soldats combattants, réservistes ou appelés, que leur rôle et leur dévouement sanctifient.

Traduction : Jean-David Hamou

1 Cette majoration profite à l’ensemble des retraités de Tsahal. Certains la reçoivent entièrement, d’autres partiellement. Les hauts gradés bénéficient des majorations les plus fortes, qu’ils aient servi ou non comme combattants (note du traducteur).


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